Les demi-soeurs de la rue Nicolas sèment tellement le doute sur leur identité qu’elles se font avoir à leur propre jeu.
bon à savoir
Ce que j’en pense
L’idée derrière les Jumelles de la rue Nicolas est assez accrocheuse. Tout commence avec un crapaud qui s’appelle Etienne. Oui, Etienne est un homme et il trompe tellement sa femme, qu’il met sa maîtresse enceinte. Résultat des courses, sa maitresse accouche de Claudette quelques heures avant que sa femme n’accouche de Lorette.
Oui le crapaud marque le coup avec deux prénoms qui se ressemblent
Une mère maltraitante
Mais attention, ce roman n’est pas l’histoire d’une tromperie mais plus celle d’une mère maltraitante.
Rose-Marie ne digère pas du tout la tromperie de son mari. Donc quand elle apprend qu’ils accueilleront Claudette chez eux, elle pète littéralement un câble. Elle crie, tape et prive Claudette de nourriture pour un rien. C’est la Dursley d’Haïti.
Mais tout comme les Dursley, le plan de Rose Marie tombe à l’eau.
Elle n’avait pas prévu que sa fille devienne la meilleure amie de Claudette ou qu’elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
Et comme toute personne aigrie qui se respecte, Rose-Marie ne supporte pas de voir son plan échouer et décide d’aussi faire la misère à sa fille. Logique.
Un échange d’identité pour se protéger
Une frustration ne venant jamais seule, Rose Marie ne comprend pas comment Claudette et Lorette peuvent autant se ressembler physiquement mais avoir des personnalités si différentes.
Claudette qui sait que sa belle-mère n’hésitera pas à la mettre à la porte est irréprochable. Et elle se plonge dans les études en espérant que ca lui permette d’avoir un meilleur avenir.
Cependant, Lorette a un petit côté rebelle. Elle a de moins bonnes notes à l’école, et surtout elle n’est jamais assez bien aux yeux de sa mère.
Ainsi les demi-sœurs vont redoubler de créativité pour se protéger l’une et l’autre des punitions de leur mère. Et l’une de leur stratégie de survie sera d’échanger leur identité.
Ca peut paraître cool, quand on voit Zack et Cody ou Tia et Tamera échanger leur identité. Mais les Jumelles de la rue Nicolas n’est pas une sitcom donc il n’y a rien de drôle ici.
Claudette et Lorette échangent leur identité pour échapper à leur mère, pour échapper à la pression de la société et pour échapper à elle-même.
Cependant, on comprend dès les premières pages du roman que ce jeu n’est pas sans risque. Claudette est seule aux Etats-Unis et elle ne sait pas si elle est Claudette ou si elle joue à être Lorette.
Ce qui peut être un chouillat stressant quand tu prépares un rendez-vous avec l’immigration.
Un roman qui s’attaque aux traumatismes familiales
Evidemment l’un des grand thèmes des Jumelles de la rue Nicolas est la santé mentale avec ces deux soeurs qui finissent par se perdre à force d’échanger leur identité.
Mais il sera aussi question de relations familiales avec la question du favoritisme, de la violence et de la pression mise pas les parents.
Que dire des Jumelles de la rue Nicolas
Malgré une idée originale, j’ai terminé le roman sans savoir quoi en penser ou en dire.
Je n’ai rien compris au début de l’intrigue. Je me demandais souvent qui parlait et vers quoi se diriger l’histoire. Puis à la fin, quand tout s’est assemblé, j’étais tellement choquée que je suis restée bouche bée.
Je dois tout de même reconnaître qu’il y a un petit quelque chose dans la plume d’Evelyne Trouillot. Elle a su me faire ressentir lepeines et la colère des filles qui ne pouvaient ni poursuivre leurs rêves ni réagir face à une situation qui les dépassait.
Et rien que pour cette plume, je suis prête à laisser une seconde chance à l’autrice.
Synopsis
En Haïti deux demi-soeurs grandissent à l’ombre d’une femme sauvagement autoritaire, sous le regard fantomatique et fantasmé d’un père absent. Nées le même jour de deux mères différentes, elles se ressemblent étrangement. De Lorette ou de Claudette, laquelle est légitime ? Fortes du pouvoir de cette gémellité inexpliquée, les jeunes filles grandissent entre violence et sensualité, comme dans une lutte charnelle et viscérale menée pour s’extraire des carcans imposés à la fémininité par la religion et par la misère d’une île exsangue mais vigoureuse.
La rue Saint-Nicolas est l’un de ces lieux qui enferment et qui scellent l’être à sa condition et dont il faut s’arracher, quitte à y laisser quelques lambeaux de peau et d’être. Comme une mise en abyme des migrations subies, ce récit schizophrénique plonge le lecteur dans les affres de la quête d’identité. Celle de ceux qui cherchent à prendre forme et dignité entre l’exil et le retour.
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